Parfaitement bilingue



Pourquoi avoir fait ce film?

Je constate dans ma pratique qu’il y a de plus en plus de femmes qui cherchent à reprendre une activité professionnelle après une pause familiale de 5, 10 voire plus de 15 ans! Quand les enfants grandissent et partent de la maison, elles ressentent un vide d’autant plus important si elles ne peuvent pas le compenser par un investissement professionnel important. À cela s’ajoute le fort taux de divorces que nous avons dans nos pays qui font que ces femmes qui avaient choisi d’arrêter de travailler se retrouvent forcées de reprendre une activité professionnelle pour des raisons économiques. Ce film a un double objectif. Il doit montrer aux femmes qui souhaitent se réinsérer dans la vie professionnelle que c’est possible. Ce film devrait aussi permettre aux jeunes femmes de prendre conscience des difficultés qu’elles auront à reprendre une activité après une pause familiale.

Constats

Évolutions

Les femmes représentent désormais la moitié des étudiants des campus universitaires. Ces formations représentent un investissement considérable pour elle-même et la collectivité. Elles souhaitent par conséquent exercer les métiers pour lesquels elles ont été formées. Parallèlement, le nombre de femmes qui reprennent une activité professionnelle après une interruption de carrière pour raisons familiales augmente d’année en année. Selon une estimation de Travail Suisse - enquête «Réussir son retour à la vie active» d’Angela Zihler et Valérie Borioli Sandoz, publiée en février 2013 - , elles seraient environ 13’500 à revenir chaque année sur le marché de l’emploi. Parmi ces femmes, il y a de plus en plus de familles monoparentales – à la suite d’un divorce ou d’un deuil par exemple – pour qui reprendre une activité rémunérée n’est pas un choix mais une obligation. La réinsertion des femmes sur le marché de l’emploi est donc un enjeu de société qui nous concerne tous.

Nouvel équilibre

En s’autorisant à repenser une activité professionnelle, la femme engage un processus de changement. L’anticipation de cette nouvelle vie va susciter des réactions dans son entourage proche. Ses enfants, son conjoint et même parfois ses amis devront accepter ce nouveau visage. Ces changements dans l’organisation du quotidien et dans les rôles et responsabilités de chacun sont souvent déstabilisants. Les proches peuvent se montrer enthousiastes et soutenants ou alors étonnés, dubitatifs, voir même parfois décourageants. Ces réactions contrastées face au changement s’expliquent par notre peur de l’inconnu et notre attachement au passé. En réalité, tout change en permanence. Être capable d’intégrer ces changements et d’adapter nos habitudes à ce nouvel équilibre de vie est un enrichissement global.

Lâcher-prise

Le soin aux autres, appelé dans la littérature «care», est fortement lié à l’identité féminine. Une femme aura tendance à placer le bien-être de sa famille et de ses proches au-dessus son succès personnel. Comme la priorité donnée à l’entourage proche représente une valeur prioritaire pour elles, elles s’autorisent à reprendre une activité professionnelle qu’une fois rassurées que les autres n’ont plus besoin d’elles. Se délester du poids des tâches du «care» n’est pourtant pas si simple. Comme cette fonction de soutien à la famille est profondément ancrée en elles, elles ont parfois l’impression d’abandonner leur destin de «mère protectrice» en reprenant une activité professionnelle. Cette impression alimente parfois la croyance que les autres ne seront pas en mesure d’assumer ces tâches aussi bien qu’elles. Ce lâcher-prise implique de renoncer en partie au pouvoir qu’elles ont dans la sphère privée.

Oser se lancer

Lorsqu’une femme commence à s’intéresser aux offres de travail sur le marché, les doutes apparaissent. Sa longue absence du marché du travail est-elle un handicap? Est-elle suffisamment compétente pour ce poste? Doit-elle reprendre une formation? Compléter sa formation peut rassurer dans un premier temps. En revanche, multiplier les formations est aussi une stratégie d’évitement, afin de repousser toujours plus loin le saut dans la vie professionnelle. Il ne faut pas sous-estimer non plus les compétences et les savoir-faire acquis durant l’interruption de carrière. Les responsabilités familiales, les activités sociales ou bénévoles sont des compétences qu’il faut valoriser. Ce processus va aussi lui permettre de reprendre confiance en elle pour oser se lancer.

Prioriser les étapes

Lorsqu’une femme est convoquée à l’entretien d’embauche, les interrogations liées à l’organisation de son quotidien vont se bousculer. Un sentiment de culpabilité vis-à-vis de leur entourage apparaît. Elle aura tendance à anticiper les problèmes d’organisation avant même de savoir si le poste lui sera attribué. Elles se posent une série de questions de logistique et ainsi faire ressurgir toutes sortes peurs. Comment s’organiser? Faudra-t-il déménager? Comment gérer l’école des enfants? Ces changements organisationnels peuvent être alors ressentis comme insurmontables. Dans le film, du haut de ses 11 ans la petite fille rassure sa mère: «Tu sais maman, on va très bien se débrouiller». Par ces mots, sa fille, qui représente son entourage, devient une alliée.

Causes

Perfectionnistes

Manquant d’assurance après leur absence du monde du travail, les femmes auront le souci de coller complètement au descriptif du poste avant de postuler. Les enquêtes ont montré qu’elles se lancent lorsqu’elles correspondent à près de 80% du descriptif du poste, alors qu’un homme envoie sa candidature s’il remplit la moitié des critères demandés. Il se dit: «Je ne risque pas grand chose à essayer, on verra bien». À vouloir trop correspondre au poste, les femmes ont tendance à moins postuler. Un doute sur leur parfaite maîtrise d’une langue, par exemple, peut les inciter à renoncer.

Surmonter les regards des autres

Pour une femme, quitter le foyer pour s’investir dans sa vie professionnelle est souvent vécu comme allant à l’encontre de sa nature. Les rôles attribués aux hommes et aux femmes en société sont encore très ancrés dans les mentalités, comme s’ils étaient fixés dans nos gènes. L’homme est le géniteur, le protecteur et le pourvoyeur de fonds. Il compte sur la femme pour veiller sur la famille pendant son absence. Une femme qui décide de tenir sa place autrement dans la vie sera pointée du doigt. On retrouve la même stigmatisation chez les femmes qui ont décidé de ne pas avoir d’enfants. La société les traite souvent d’égoïstes. Étonnement, ce sont surtout les femmes «avec enfants» qui sont les plus dures avec les femmes «sans enfants».

Barrières culturelles

Contrairement à d’autres pays européens, où les enfants bénéficient d’infrastructures financées par l’État, la Suisse a longtemps considéré le fait d’avoir des enfants comme une affaire strictement privée. C’est ce qui explique, par exemple, que l’introduction du droit à une allocation maternité est entrée en vigueur au plan fédéral en 2005 seulement, à la suite d’une votation populaire. En Suisse, une femme qui confie son enfant à la garderie est parfois regardée comme une mauvaise mère. Les institutions et les mentalités sont toutefois en train d’évoluer.

Pistes

Candidates

Partages

Restez seules avec vos doutes et ils finiront par devenir une montagne infranchissable! Un bon moyen de reprendre confiance en soi est de partager son histoire avec d’autres personnes dans la même situation. Écouter le témoignage de quelqu’un qui est passé par là et qui s’en est sorti est beaucoup plus inspirant qu’une belle théorie sur la transition de carrière. Reprendre contact avec ses anciens collègues et parler de ses nouveaux projets professionnels autour de soi permet de renforcer ses convictions tout en développant son réseau.

Entretien

Un entretien d’embauche se prépare. Les codes et les usages de ce rituel évoluent. Il faut par exemple se renseigner sur les activités de l’entreprise, ses chiffres-clés, ses produits et son histoire. Préparez-vous également à valoriser cette période de votre vie où vous êtes restée à la maison pour prendre soin de vos enfants et n’oubliez pas que souvent l’objectif d’un entretien est de comprendre le besoin du recruteur et de le rassurer. Une bonne manière de se préparer est de s’exercer lors d’un entretien fictif.

Notion du temps

Comment vais-je pouvoir travailler alors que j’ai déjà l’impression que ma journée est surchargée.

Organisation

Une fois le contrat signé, se posera la question de l’organisation familiale. Cela impliquera de responsabiliser son entourage et notamment ses enfants. Restez créatifs et imaginez des mix de structures de garde. Il est important aussi de rester confiant dans son entourage et de déléguer certaines tâches. Tout ne sera pas parfait du jour au lendemain. Ces changements d’organisation prennent du temps à se mettre en place.

Recruteur

Décryptage

Pour un recruteur, comprendre la situation d’une femme en réinsertion permet de décrypter certains comportements afin de la mettre plus à l’aise et de la rassurer.

Avantages

Lister les avantages à recruter une mère de famille.

Annonce

Les mots utilisés dans une offre d’emploi peuvent également freiner les candidatures féminines. Évitez les termes agressifs et fonceurs. Soignez aussi les visuels de l’annonce. Trop souvent, les femmes sont encore au second plan, voire floue sur les photos. Veillez à la cohérence entre le discours et le cahier des charges. La féminisation des titres et fonctions est importante. Il est temps d’arrêter de mettre les femmes entre parenthèse.


Résumé du film


Une femme élève seule ses deux enfants de 7 et 11 ans. Comme tous les matins, elle dépose ses enfants à l’école. Aujourd’hui elle est spécialement tendue car elle va se présenter à un entretien d’embauche. Après plus de cinq ans d’interruption de carrière professionnelle pour raison familiale, c’est la première fois qu’elle revient sur le marché du travail. En route pour son entretien, toutes sortes de questions et d’appréhensions se bousculent dans sa tête.

Mot clé: changement

Devenir autre; rendre une personne ou une chose différente de ce qu’elle était; modification plus ou moins profonde d’une situation.

Et vous?

Comment pensez-vous que votre entourage réagirait si vous décidez de reprendre une activité rémunérée ?

Avez-vous l’occasion d’échanger sur vos aspirations professionnelles avec d’autres femmes ?

Êtes-vous en mesure de raconter votre parcours et vos compétences acquises de manière à donner envie à un recruteur de vous embaucher ?

Les offres d’emploi diffusées dans la presse vous donnent-elles envie de postuler? Et pourquoi ?